Adama NIARE, Expert Incendie : « La sécurité du travailleur est un devoir régalien de l’Etat »
- Quelle est la mission d’un « Expert incendie » ?
Un expert est d’abord un professionnel, un spécialiste dont la compétence technique est reconnue et qui est chargé d’émettre un avis technique sur un problème relatif à son domaine. Un technicien bien confirmé donc à qui il est demandé un avis technique aidant à prendre par exemple une décision de justice.
En amont et en aval d’un sinistre incendie, la première personne à appeler n’est pas le pompier, mais l’expert. Retracer les causes et les origines du feu, expliquer sa propagation, évaluer les dégâts, faire des recommandations. Voilà le travail technique qui relève de l’expert.
Je travaille sur les circonstances, les causes ou les origines d’un incendie. Il y a des aspects techniques dont le juge peut avoir besoin pour prendre sa décision.
Dans une affaire d’incendie, il y a 3 phases : l’amont, le pendant et l’aval. Mon travail s’inscrit en amont et en aval d’un incendie. Il est tout à fait différent de celui du pompier qui intervient généralement pendant l’incendie. La règle d’or en cas d’incendie, c’est de tirer tous les enseignements pour que ça ne se reproduise plus. Chez nous au Mali, quand un incendie survient personne ne se soucie des motifs ayant conduit au sinistre. Au lieu de faire appel à des experts, l’on se borne à mettre en place une commission administrative. Or le rôle de l’expert c’est d’analyser le sinistre, tirer tous les enseignements pour prévenir contre d’éventuels risques.
- Quelle place les entreprises maliennes accordent-elles à la prévention du risque incendie ?
Il n y a pas une très grande prise de conscience par rapport aux risques incendie. Les entreprises maliennes dans l’ensemble ne font pas très attention quant aux installations en leur sein. Elles font la part belle au dispositif humain de sécurité. Par contre l’incendie qui peut tout emporter, rien n’est fait pour l’empêcher. Très souvent l’on a affaire à un désordre ambiant dans les entreprises où une toute petite flamme suffit pour que tout soit consumé.
La personne qui a conscience de ce danger fait appel à un expert pour évaluer les risques. Celui ci vous fait des recommandations vous montrant comment contrarier le danger.
J’en appelle à la responsabilité de toutes les entreprises. Si elles veulent bénéficier de la certification ISO il y a des normes qu’il faut absolument respecter.
- Quel appel avez-vous à lancer dans le cadre du FISST ?
Lors du FISST, les sommités du domaine vont se retrouver. Ils vont expliquer comment faire face aux risques avec plus de pédagogie et différentes approches. Je crois que l’heure est pour nous autres au transfert de témoin à la jeune génération. Je les invite à s’impliquer, à aimer ce métier. C’est un métier qui m’a tout donné. Je les encourage à s’inscrire au forum, à venir se frotter aux sommités. Ils ne pourront qu’apprendre d’eux.
La sécurité du travailleur est un devoir régalien de l’Etat. Ce forum vient à point nommé. C’est pourquoi le gouvernement malien doit se l’approprier. L’INPS y gagne car quand il y a accident c’est elle qui paye. Cette structure est donc concernée à plus d’un titre.
L’impact de la santé du travailleur c’est sa performance et le rendement de l’entreprise. Un ouvrier qualifié et performant, ce n’est pas tous les matins qu’on le rencontre. Quand vous avez un ouvrier qui pour une raison ou une autre est indisposé, votre rendement va être sérieusement impacté. L’entreprise doit pérenniser ses moyens humains.
Autant tu soignes tes moyens matériels autant tu dois en faire de même pour les moyens humains.
Propos recueillis par D. DEMBELE